El Hierro Eolienne Hydro Energie
Le scandale des renouvelables d’El Hierro : une arnaque à 82 millions d’euros

Michel Gay ♦
El Hierro est une petite île de l’archipel des Canaries sur laquelle vivent environ 10.000 habitants. L’électricité y était fournie par des groupes diésels jusqu’au 01 juillet 2015, avec un coût de production de 200 € par mégawattheure (MWh) et de vilaines émissions de CO2.

Pour remédier à cette situation, un consortium nommé « Gorona del Viento » a été mis en place pour assurer une production 100% renouvelable… selon les termes du contrat. Des éoliennes couplées à une centrale hydroélectrique comprenant deux réservoirs de stockage d’eau reliés par deux aqueducs, et une station de pompage devaient rendre l’île autonome en électricité grâce au vent. Le coût du système est de 82 millions d’euros (M€), subventionné pour moitié par les citoyens espagnols et… européens, c’est-à-dire par moi aussi.

Le dimanche 9 août 2015, jour de faible consommation, une brève démonstration conforme à l’objectif annoncé dans le document projet a été réalisée. L’île a été alimentée pendant deux heures à 100% par des énergies renouvelables (éoliennes et hydraulique). Enthousiasme général dans les médias ! Ségolène Royal, sans doute encouragé par le Syndicat des Energies Renouvelables, a aussitôt récompensé cet exploit.

Le dimanche 31 janvier 2016 (encore un dimanche), nouveau miracle. L’île a été alimentée pendant 16 heures en continu uniquement par une production d’énergie renouvelable. La couverture médiatique a été unanime à saluer cet « exploit ».

Oui, mais voilà, la réalité est bien différente. En six mois (184 jours), si l’île a bien été alimentée moins d’une journée (environ 18 heures) à 100% en énergies renouvelables, elle a été aussi alimentée pendant 24 jours cumulés uniquement avec la centrale au diesel, et cette dernière a assuré au moins 25% de la production prés de 100% du temps.

Durant ces six mois, la part de renouvelable n’a été que de… 30% de la consommation électrique de l’île, et donc 70% environ de cette consommation a été assurée par la centrale au diésel.

Et pour aboutir à cette remarquable performance, le coût de production de l’électricité a été multiplié par quatre (800 €/MWh au lieu de 200 €/MWh « économisé ») est de 1000 € la tonne ! De plus, le contrat rédigé par le consortium et signé avec l’état espagnol, favorise étrangement les exploitants.

Ainsi, moins ces derniers produisent d’hydroélectricité et plus ils gagnent d’argent en produisant à partir du diesel. Ils sont ainsi rémunérés non pas pour optimiser la production des énergies renouvelables, mais pour assurer potentiellement la stabilité du réseau (mis à mal par les éoliennes) avec les turbines hydrauliques… sans avoir à s’en servir !

Cette belle arnaque a été brillamment mise en musique dans les médias pour faire croire que les renouvelables « ça marche ». C’est aussi une escroquerie intellectuelle idéologique, et une belle opération financière pour ses organisateurs qui vont recevoir 7 M€ des mains du Ministre de l’énergie espagnol en mars 2016, en plus du pourboire de 136 000€ provenant de la vente de l’électricité.

En fait, là est le véritable exploit : réussir à gruger un état et l’Europe qui n’ont rien vu, ou qui n’ont rien voulu voir, malgré les avertissements d’ingénieurs ayant pourtant travaillé sur ce projet.

Ainsi, le 23 juin 2014, deux ingénieurs déclaraient dans Diaroelhierro que malgré « les belles phrases grandiloquentes », la part de la production de renouvelables sera proche de 25%. Et pourtant, il y beaucoup de vent à El Hierro.

« Il n’y a pas pire sourd et aveugle que celui qui ne veut pas entendre ni voir ». Nos représentants européens sont-ils si incompétents ? Pourquoi refusent-ils de se rendre à l’évidence devant le gouffre financier et l’impasse technique des éoliennes et des panneaux photovoltaïques partout en Europe ?

Pris pour des idiots dans le domaine de la production d’énergie, que pensent les citoyens européens de ce monstrueux hold-up sur leurs impôts ?