Des habitants de Kergrist (Morbihan) dénoncent les nuisances d’un parc éolien subies depuis 15 ans et refusent l’implantation de nouvelles machines, plus hautes (150 m).

Publié le 19 Fév 20 à 15:23

Noël Le Bris, président du collectif Vent de discorde 56 à l’entrée du hameau de Saint-Mérec à Kergrist, près de Pontivy (Morbihan).
Noël Le Bris, président du collectif Vent de discorde 56 à l’entrée du hameau de Saint-Mérec à Kergrist, près de Pontivy (Morbihan). (©Pontivy Journal )

Des habitants de Kergrist, près de Pontivy (Morbihan) ont créé le collectif Vent de discorde 56, opposé au parc éolien de Saint-Mérec, hameau où il est situé. Ils dénoncent les nuisances subies depuis 15 ans et refusent l’implantation de nouvelles machines, plus hautes.

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Une liste de nuisances qui s’allonge depuis 15 ans

« Il y a 15 ans, quand ils ont mis les éoliennes, on n’avait pas de recul sur leur impact. Aujourd’hui, on sait et on ne veut pas de ces nouvelles éoliennes. » Ces membres du collectif nouvellement créé Vent de discorde 56 sont des riverains du hameau de Saint-Mérec à Kergrist.

Ils sont vent debout contre le projet de renouvellement de ce parc éolien, construit entre 2005 et 2006. Le gestionnaire souhaite installer de nouvelles machines plus hautes, en passant de 120 à 150 m, et aux pales plus larges.

Vue, bruits, infrasons, effets stroboscopiques, champs électromagnétiques, impact sur la faune, dévaluation de l’immobilier, interférences avec la téléphonie mobile et la télé : telle est la liste, non exhaustive, des reproches faits aux éoliennes de Saint-Mérec par les membres du collectif.

Sur le plateau de Saint-Mérec, on n’observe plus la faune migratoire, les canards ont disparu. Les bovins ont même été changés de champ. Pour le téléphone et la télé, nous sommes dans une zone blanche dans un rayon de 300 m autour d’une éolienne. Même notre rythme cardiaque se colle à celui des éoliennes, ce n’est pas naturel. On est dans un territoire rural avec du patrimoine classé : trois manoirs, une chapelle. Ces sites sont dévalorisés par le parc existant et le seront avec le futur parc, avec des éoliennes encore plus hautes.

Bientôt un vote au conseil municipal

Les élus de Kergrist doivent procéder à un vote sur ce projet éolien lundi 24 février 2020, lors du conseil municipal.

Le collectif a rencontré des représentants de l’équipe municipale actuelle, qui ne se représente pas, et ceux de la liste Ensemble continuons Kergrist, seule liste en lice dans la commune pour les municipales.

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La population sondée

En attendant des réponses, les membres de Vent de discorde 56 ont fait du porte à porte samedi 15 février 2020 : « On essaie de se battre avec les moyens qu’on a. On a fait un sondage de la population en leur donnant un questionnaire ».

Vingt-six questions qui passent en revue les nuisances et leurs effets à tous les niveaux, et les actions du gestionnaire du parc éolien envers les riverains. Envers ce dernier, le collectif Vent de discorde 56 n’est pas tendre, il se sent floué : « Six à huit points de contrôles ont été faits autour du parc, mais on n’a jamais eu les résultats de cette enquête. Il y a eu un contrôle il y a douze ans, et un autre il y a trois ans lors du changement de gestionnaire. C’est à nous de payer des spécialistes pour faire des études : ce n’est pas normal ! »

Le collectif souhaite récupérer l’ensemble des questionnaires pour le 24 février 2020.

On commence à avoir des retours qui nous confortent dans notre démarche : les gens nous parlent des risques sur leur santé, sur l’environnement des éoliennes. Comme les champs électromagnétiques avec leurs conséquences dans les fermes environnantes, sur leur santé : dans 60 % des maisons que l’on a visitées, il y avait un fort taux de champs électromagnétiques. Les habitants n’osaient pas parler de leurs problèmes liés aux éoliennes, maintenant ils le font, ce n’est plus l’omerta. Des personnes des communes alentours viennent nous voir aussi.

Interpeller le Préfet

Des questionnaires qui serviront de base à un dossier remis au Préfet et demandant une enquête environnementale autour de ce projet éolien.

Tous ces effets sont de plus en plus connus, mais certains ne veulent pas l’entendre. Pourtant, le député Marc Le Fur (Ndlr : de la circonscription de Loudéac) souhaite que la distance entre une éolienne et une maison passe de 500 m à 1 km.

Depuis plusieurs mois, le député des Côtes-d’Armor voisines demande un durcissement de la réglementation pour l’implantation des éoliennes, en mettant en avant les nuisances (santé, patrimoine, immobilier) et l’exemple de l’Allemagne (distance d’un kilomètre).

« La commune touchera seulement 18 000 € de plus avec le nouveau parc : c’est peu à l’échelle d’un budget communal », commentent les membres du collectif Vent de discorde 56. La commune a perçu 54 131 € en 2019 en retombées fiscales pour l’éolien. « 18 000 €, les riverains des éoliennes ont plus de valeur que ça, non ? » Par : Angélique Goyet